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Jean Albert Richard


Premium (World), Runkel

Titre ancien

Claudine les a évoqués en commentant la photo de l'action du canal de Panama. Transmission de pensée?... Voici donc un certificat d'un de ces fameux emprunts russes émis sous le règne de Nicolas II. L'année d'émission y figure (1894), et c'est une obligation de la compagnie de chemin de fer de Dvinsk à Vitebsk (c'est à l'Ouest de Moscou, entre Smolensk et les États baltes). La valeur nominale du titre était de vingt livres sterling, et ce qui est intéressant, c'est qu'on peut y lire le rapport entre les devises européennes: vingt livres sterling représentaient 125 roubles or, ou 500 francs français, ou 404 marks allemands, ou encore 240 florins hollandais. On ne faisait pas encore référence au dollar américain.
Ce fut un placement sûr jusqu'à la révolution d'octobre 1917 (qui pour nous a eu lieu le 7 novembre puisque les calendriers étaient différents). Le nouveau gouvernement n'a plus servi les intérêts et encore moins remboursé les obligataires, ce qui provoqua la chute des cours en bourse.
Néanmoins, ces titres n'ont jamais été rayés de la cote, et curieusement, certains ont pu réaliser une petite fortune grâce à leur négoce. S'ils cotaient disons 1 franc par titre, on pouvait donc en acheter une grosse quantité sans se ruiner, et à chaque visite d'un dignitaire soviétique en France, les bruits de couloir concernant une éventuelle indemnisation allaient bon train: il n'en fallait pas plus pour les faire monter à 2 francs, et si un investisseur vendait 2 francs ce qu'il avait acheté 1 franc, il réalisait un bénéfice de 100% moins les frais de transaction. Une telle opération répétée plusieurs fois pouvait devenir assez lucrative.
On racontait aussi que d'aucuns, ayant calculé que les titres étaient moins chers au mètre carré que le papier peint, en avaient tapissé leur appartement, mais est-ce bien vrai?...
Par la suite, il y eut effectivement des indemnisations à la suite d'accords passés avec un pays ou un autre. En France, il n'y a qu'une dizaine d'années que la chose s'est produite, parce que l'État français, qui en possédait lui-même, avait figé des réserves d'or russes pour au moins se rembourser, à défaut de pouvoir dédommager les petits épargnants (ce qui est relatif, parce cinq cents francs d'économies par titre, tout le monde ne les avait peut-être pas.). En tout cas, cette circonstance a pesé très longtemps sur les négociations, et ce qui en est sorti finalement n'était évidemment qu'un piètre lot de consolation pour les arrière-petits-enfants des porteurs d'origine. J'étais encore dans le milieu et j'aurais pu les présenter au "remboursement", mais j'ai préféré les garder en souvenir de ma grand-mère paternelle: j'étais toujours sur ses genoux quand elle découpait ses coupons (enfin, ceux qui étaient honorés).

Archives familiales..

Comentarios 4

  • catt 24/04/2014 9:47

    je regarderai
  • catt 24/04/2014 7:59

    lol j'en ai également quelques uns que j'ai même fait encadrer.....
  • claudine capello 04/04/2014 18:33

    en effet les petits epargnants sont ensuite morts et les hèritiers svt filles les ont gardè en souvenir.... car les garçons etaient disparus à la guerre de 14-18....et perdre, pere, mari et fils n a fait que leur faire comprendre que leurs vies s ètaient ecroulèes comme ces titres...et qu il falait prendre un nouveau dèoart bien diffèrent de ce que leur vie aurait du etre.... merci de ta recherche ... claudine
  • Elvina Benoist-Audiau 04/04/2014 17:28

    Oh ces fameux emprunts russes - ils ont ruiné un membre de ma belle-famille ! ils ont retrouvé des valises entières de ces titres qui valaient plus rien - Très intéressant - amitiés, Elvi